Le clavecin

clavecin (détail)

Mon troisième clavecin
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Sa description
Le clavecin est un instrument de musique à cordes pincées, muni de un, deux ou trois claviers.

Son origine vient du psaltérion.

psalterion

Psaltérion

Le clavecin, qui apparaît au début du XVIe siècle, existe sous trois formes:
Le virginal, boîte légère, plate et allongée, que l’on pose sur une table pour jouer;

 

Virginal

Virginal flamand double

L’épinette, qui présente déjà une forme en «aile d’oiseau» et repose sur trois pieds.

 

epinette

Epinette italienne

Le clavecin proprement dit, plus lourd et doté de plusieurs claviers. Les cordes du clavecin sont pincées au moyen de plumes d’oie qui agit par l’intermédiaire d’un sautereau reposant sur chacune des touches.

 

clavecin

Clavecin français à 2 claviers : J.C. Monzani 1998
décoration Nicole Viollet-Scorza

Son histoire :
Elle est assez particulière et attachante, puisque cet instrument était complètement tombé dans l’oubli et avait presque totalement disparu pendant tout le XIXème siècle. C’était un instrument coûteux et qui appartenait à une élite jusqu’à la fin du XVIIIème siècle et il est normal qu’à la Révolution, il disparut, en même temps qu’il était arrivé à son âge d’or.

 

Son déclin :
Les clavecins restants ont été remisés dans des caves et greniers pendant tout le XIXème siècle et ont subi l’usure et les dégâts du temps.

 

Sa renaissance :
elle se fait en deux temps :
  1. Grâce à l’arrivée d’une polonaise, Wanda Landowska, arrivée à Paris vers 1900, (décédée en 1959 aux Etats-Unis), le clavecin va à nouveau réapparaître mais sous une forme moderne, car W. Landowska va faire construire des clavecins par les facteurs actuels étant facteurs de piano : Pleyel, Erard, Gaveau. Elle possédait elle-même des clavecins anciens, mais n’avait pas les moyens de les restaurer et ce n’était pas le goût de l’époque (créativité et invention). Elle crée une école de clavecin à St Leu la Forêt et joue en concerts dans toute l’Europe. Elle rencontre Francis Poulenc et Manuel de Falla qui écrivent pour elle des concertos pour clavecin et orchestre. En 1925, elle est la première à enregistrer les Variations Goldberg de J.S. Bach au clavecin.
  2. Scientifiques, historiens, archivistes, interprètes, facteurs réunissent leurs connaissances pour connaître les instruments originaux : radiographies, plans de restauration de manière à construire des copies. Ce qui nous donne la chance d’avoir aujourd’hui des copies d’instruments originaux d’une qualité équivalente aux instruments d’époque.

 

Mécanisme clavecin

Le mécanisme avec sautereau
est caractéristique de l’instrument.

Ses écoles de facture :
On distingue 5 écoles principales : l’Italie, France, Les Flandres, l’Allemagne et l’Angleterre

L’Italie
Du XVIe au XVIIIe siècle, l’Italie été le plus important centre de fabrication de clavecins de toute l’Europe. Les instruments en sont très caractérisés ; leur son typé et leur attaque précise les destinent tout particulièrement à la réalisation de la basse continue. Leur conception reste pratiquement inchangée durant ces 3 siècles.

Les Flandres
La facture flamande représente le pôle opposé à la facture italienne. Le plus grand nombre d’instruments conservés vient de la famille Ruckers, dont la production représente l’archétype de cette école. Contrairement au clavecin italien, le clavecin flamand est un instrument solide, aux parois relativement épaisses, avec un ou deux claviers. En ce qui concerne la décoration : la caisse est peinte de façon à imiter le marbre ou des motifs de ferronnerie L’intérieur est garni de papiers décoratifs imprimés avec arabesques, dauphins stylisés. La table d’harmonie est décorée de motifs floraux stéréotypés, et d’une rosace en étain doré portant la marque et les initiales du facteur.

La France
Il existe une tradition française de la facture antérieure à la période d’extraordinaire engouement pour les clavecins flamands qui la fit évoluer de façon décisive. Cette manière ancienne est d’ailleurs beaucoup plus proche des flamands que des italiens. La production française est presque entièrement concentrée à Paris, qui comptait plus de cent facteurs au XVIIIe siècle. On peut citer les familles Denis, Bellot, Jean-Antoine Vaudry. Quelques autres travaillent à Lyon (Gilbert Desruisseaux, plus tard Pierre Donzelague), Vincent Thibaut de Toulouse — Les instruments datant de cette période sont excessivement rares et aucun ne remonte avant 1648.

Le clavecin français typique du XVIIIe siècle est un grand instrument à deux claviers dont la structure rappelle beaucoup celle des flamands. Bien souvent, ces instruments sont issus de l’opération de ravalement qui consiste à transformer un ancien instrument pour le mettre au goût du jour. Il s’agit soit d’adjoindre un second clavier ou d’ajouter un accouplement, soit d’augmenter l’étendue du clavier, soit d’augmenter le nombre des registres, et éventuellement d’ajouter des dispositifs de changement rapide.

L’Allemagne
Les pays allemands n’ont pas été des centres de production importants. Il subsiste peu d’instruments anciens, et ceux-ci présentent une grande diversité. Les influences flamande et française sont très fortes. L’orgue était l’instrument de prédilection de ce pays.

L’Angleterre
La facture anglaise est influencée par celle des Flandres. Il y a une production importante de virginals au XVIIe siècle, et d’épinettes courbes dont la taille inférieure à celle du grand clavecin a favorisé la diffusion.

 

Ses compositeurs
Les compositeurs ont toujours été en étroite relation avec la facture instrumentale.

Les premières compositions pour clavecin solo ont été écrites en Italie par Frescobaldi.

En Angleterre, les virginalistes, nombreux compositeurs à la cour d’Elisabeth 1ère, composèrent des œuvres dans le style de la variation.

En France, Louis Couperin fait partie de la génération des musiciens issue de l’école de Jacques Champion de Chambonnières, 1ère école de clavecin en France. Inspirée des luthistes, l’écriture des préludes non mesurés caractérise ce compositeur Des danses succèdent aux préludes, inspirées de la Renaissance française.
Pendant la période l baroque, (1600-1750), la France a connu une véritable floraison de compositeurs pour le clavecin. La grande figure en est François Couperin, qui accorde une place toute particulière à l’ornementation (ajouts de notes destinées à embellir la ligne mélodique principale) et à la sonorité du clavecin. Puis lui succèdent, Jean-Philippe Rameau avec son jeu brillant, et d’autres issus de son école, J.B. Forqueray, J.F. Dandrieu, L.C. Daquin, M. Corrette, J. Duphly, etc.

En Allemagne,  J. J. Froberger, Jean-Sébastien Bach et ses fils, etc

En Italie : entre autres, Domenico Scarlatti avec ses 555 sonates

Aux XXe et XXIe siècles, il n’y a pas de véritables écoles de clavecin, ni dans la facture ni dans les compositeurs, mais des compositeurs isolés ayant remarquablement composés pour cet instrument.
voir-télécharger la liste des principaux compositeurs
Sa particularité
Le clavecin étant un instrument à son fixe, le claveciniste ne peut agir sur sa dynamique, donc il ne peut faire de nuances. Comment va-t-il s’y prendre pour « rendre cet instrument expressif et lui donner une âme », dirait François Couperin ? Comment faire ressortir une note, puisqu’on ne peut la jouer plus forte que les autres ? Comment faire un crescendo ou mettre de la pédale (alors qu’elle n’existe pas) ?
Cela paraît impossible, et pourtant…
Tout cela est possible, en utilisant des artifices qui font « croire » à une note plus forte, un crescendo, une pédale, etc. Le claveciniste « truque » et suggère la matière, comme le peintre suggère la fourrure d’un manteau, alors que ce n’est que de la peinture…
Pour attirer l’attention sur une note, il va tout simplement agir sur sa durée et cela judicieusement et selon des règles d’équilibre rythmique très précises, c’est-à-dire sur l’agogique. Pour accentuer une note, il va mettre de l’air avant, qui s’appelle un silence d’articulation… etc.
Tous ces artifices mis en œuvre vont donner naissance à un relief et une perspective du son du clavecin en le rendant extrêmement vivant, comme la toile du peintre avec ses règles de perspective.
Il ne reste plus que le « goût », c’est-à-dire l’oreille du claveciniste qui contrôle le tout et la magie est là…